OK Boomer, Pyramide de Maslow, transports en commun, WIFI

Rien de tel que la galette complète pour rapprocher les générations. Lors d’un repas de famille avec mes quatre enfants et leurs compagnons j’entends mon fils de 23 ans dire – « Moi, sans musique le RER c’est MORT, l’autre jour j’avais oublié mes écouteurs et là, la claque, les gens ne font que de râler sur tout ». Réponse d’un « +1 » de 27 ans, engagé dans l’aventure start-up pour contrôler, comprendre, optimiser les dépenses Cloud des entreprises « les transports en commun ?, tu montes dedans t’as l’énergie à 100, t’arrives au taf t’as déjà envie de tuer tout le monde et rentrer chez toi… je prends ma voiture ».  

En les écoutant je pensais au coup de gueule de Cyrille de Lasteyrie sur LinkedIn sur la locution dans le vent « ok boomer » qui en gros ça veut dire « ta gueule le vieux, tu nous as pourri la planète ! », mais diplomate j’ai préféré ne rien dire.

Puis j’ai pris le RER à l’heure de pointe et là j’ai compris pourquoi les Greta Thurnberg de tous poils continuent de snapchater, shazamer pour trouver la musique de leurs Insta story avec les écouteurs Bluetooth vissés dans les oreilles à l’heure de pointe dans les transports en commun.

Car j’y suis, RER B, 18 heures, Châtelet les Halles. Pas la peine de me tenir, je suis prise dans un étau humain, l’ angoisse déclenchée par les contacts physiques non souhaités culmine à 11 sur l’échelle ouverte de Richter. Et là mentalement je fais défiler dans ma tête les cinq catégories des besoins humains selon Maslow. Niveau 1, besoin fondamentaux physiologiques : respirer, boire, manger, se reproduire… oups, là je rajouterais bien bouger… déjà pour respirer j’ai du mal, c’est à peine si j’arrive à éviter un bouche à bouche avec ma voisine tant la proximité est importante. J’aborde le niveau 2, un des besoins fondamentaux psychologiques, la sécurité…et là j’ai peur d’être piétinée, si je suis ici c’est que j’ai été littéralement poussée dans la rame. Et heureusement, car je n’avais qu’une envie, fuir. Arrivée au niveau 3, les besoins de relations , j’essaye de refréner mon envie d’étriper mon voisin gigantesque de près de deux mètres qui m’assomme à coup de sac à dos. Clairement la satisfaction du besoin des relations sociales ne devrait pas passer par des envies de meurtre. Parquée comme un animal dans ce tube de fer fonçant sous la terre je pense au niveau 4 de la pyramide ; veaux, vaches, cochons… reconnaissance, réussite et respect…que celui qui éprouve « l’estime de soi » lève la main…enfin s’il peut ! Quant à la spontanéité, la créativité, l’authenticité et la résolution de problème, le Saint Graal, la pointe de la pyramide, « la réalisation de soi » se tapit d’effroi au fond de mon système central nerveux. J’ai parcouru une station et je suis éreintée, démoralisée, agressive.

Et là je me dis oui, le WIFI est bel et bien devenu un besoin fondamental de nos sociétés ultra connectées de riches. La saturation de cerveaux par de signaux sonores et lumineux, nous permet dans une certaine mesure contenir l’angoisse et la peur qui sont les réponses naturelles à cet environnement d’une extrême brutalité. Saint GAFA nous permet assouvir nos besoins de contact sociaux, augmente virtuellement notre estime de nous-même et nous donne l’illusion de créativité et d’accomplissement de soi. Serait-ce ainsi qu’on sauvegarde son énergie en dépensant celle de sa batterie de smartphone ?

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